Face au chiffre alarmant de 110 745 personnes disparues et non localisées, le Centre Prodh a présenté un guide pratique pour les proches des disparus. L’objectif principal de ce guide est de fournir des outils et de l’information pour faciliter le suivi des enquêtes en cours. Parallèlement, selon le Journal officiel de la Fédération, la Banque nationale de données médico-légales a été lancée, une entité qui, selon le Centre Prodh, doit être supervisée pour assurer son bon fonctionnement.
Cette banque est composée de l’interconnexion progressive de diverses bases de données, registres et systèmes, notamment le Registre national des charniers et des fosses clandestines, le Registre médico-légal fédéral, la Base nationale d’informations génétiques, le Registre national de détention, le Registre national du crime de torture, les registres des casiers judiciaires, le Système national d’information nominative (SININ), le système d’identification automatique des locuteurs (ASIS) et le système d’identification des empreintes digitales (AFIS).
Le Centre Prodh, dans son travail de défense des droits de l’homme, souligne qu’il reste encore beaucoup à faire et qu’il est nécessaire de surveiller de près le fonctionnement de la banque. Il souligne également la nécessité de consacrer tous les efforts possibles pour inverser la crise médico-légale et veiller à ce que le Bureau du Procureur général (FGR) se conforme à la demande d’identification des corps.
Le Centre Prodh a mis à la disposition des familles le guide pratique pour ceux qui recherchent des personnes disparues. Son objectif est de leur fournir des outils et des informations qui leur permettent de suivre les enquêtes en cours. À titre d’exemple des problèmes auxquels ils sont confrontés, Abigail Cruz, fille de Federico Cruz, qui occupait le poste de deuxième secrétaire du Conseil de surveillance dans la communauté de San Miguel Cajonos, Oaxaca, dit que son père est porté disparu depuis plus de cinq ans. Le 7 août 2022, les familles des personnes disparues et le collectif San Miguel Cajonos ont procédé à une fermeture symbolique du bureau du procureur général, situé à Insurgentes 20, exigeant une définition claire de la Banque nationale de données médico-légales.
En l’absence de réponse favorable, ils ont tenu le 22 octobre une conférence de presse et présenté un amparo que le juge a statué en faveur de la création de la Banque médico-légale, accordant un délai de 40 jours à la FGR pour se conformer à ladite résolution. Malgré cette victoire, Cruz réfléchit sur le long chemin qu’ils ont dû parcourir : « Les proches des personnes disparues peuvent dire que c’est le résultat de notre lutte, des efforts de plus de 110 745 disparus. » Bien qu’il soit heureux que cela se réalise enfin, il reconnaît que la banque ne peut pas être garantie de fonctionner comme elle le devrait, car la plupart des institutions ne font pas preuve d’empathie envers les familles. « La plupart nous ont laissé tomber », dit Abigail.
Federico Cruz Morales et Álvaro Bernardo Reyes Cruz, autorités de San Miguel Cajonos, sont également portés disparus depuis plus de cinq ans en raison d’un conflit communautaire et d’un différend sur l’utilisation des ressources naturelles dans la région avec la communauté voisine de San Pedro Cajonos, tous deux situés dans la Sierra Norte. Tous deux ont disparu le 27 décembre 2017. Abigail Cruz insiste sur le fait que la recherche a été épuisante physiquement, psychologiquement et financièrement. De nombreuses familles, en raison de problèmes économiques, abandonnent la recherche, car cela signifie s’endetter et perdre leur emploi. Cependant, elle souligne que la vie d’un être cher n’a pas de prix.
Les familles de ces disparus ont participé au rapport d’activité du Système national de recherche, qui s’est tenu au Palais national. Jusqu’en 2021, Oaxaca n’avait pas de commission de recherche; cependant, en juin de la même année, Edilberta Cruz Regino a été nommée présidente de la Commission de recherche des personnes disparues, qui a prêté serment par le congrès local. Au cours de ces années, les proches de Cruz Morales et Reyes Cruz se sont rendus dans plusieurs instances locales, fédérales et internationales, et ont participé à des groupes de travail lors de la visite de la mission des Nations Unies sur les cas de disparition forcée avant la recommandation émise par l’ONU en avril 2021. L’un des membres de la famille mentionne qu’ils n’ont qu’à porter leur affaire devant la Cour interaméricaine de l’OEA.